1L'homme ne fait-il pas sur la terre le service d'un soldat,
2Comme l'esclave soupire après l'ombre,
3ainsi j'eus pour mon lot des mois de douleur,
4Couché, je dis : Quand me lèverai-je ? la nuit finira-t-elle ?
5Mon corps se couvre de vers et d'une croûte terreuse,
6Mes jours fuient plus prompts que la navette,
7Souviens-Toi que ma vie est un souffle !
8l'œil de celui qui me voit, ne m'apercevra plus ;
9La nuée se dissipe et s'en va :
10il ne rentre plus dans sa maison,
11Aussi ne mettrai-je pas un frein à ma bouche,
12Suis-je une mer ? suis-je un dragon,
13Quand je dis : Mon lit me soulagera,
14alors tu m'effraies par des songes,
15Aussi je préférerais suffoquer,
16Je dédaigne la vie ! je ne vivrai pas toujours !…
17Qu'est-ce que l'homme, pour que tu l'honores,
18que tu t'occupes de lui chaque matin,
19Jusques à quand les yeux ne me quitteront-ils pas,
20Si j'ai péché, qu'ai-je pu te faire, observateur des hommes ?
21Et que ne pardonnes-tu ma faute, et ne passes-tu mon péché ?