1Et maintenant je suis la risée de mes cadets, 2Aussi bien la force de leurs mains, qu'eût-elle été pour moi ? 3desséchés par la disette et la faim, 4ils cueillent l'arroche le long des haies, 5ils sont bannis de la société ; 6réduits à habiter des ravins affreux, 7parmi les buissons ils poussent des hurlements, 8impies, hommes sans nom, 9Et maintenant je suis leur chanson, 10ils me maudissent, puis me quittent, 11Bien plus, ils déceignent leur corde, et m'en frappent, 12A ma droite leur engeance se lève ; 13ils ruinent mon sentier, aident à ma perte, 14Ils viennent comme par une large brèche, 15Toutes les terreurs se tournent contre moi ; 16Aussi, maintenant mon âme en moi épanche sa plainte ; 17La nuit perce mes os et les détache, 18Sous Ses coups puissants mon manteau se déforme, 19Il m'a jeté dans la boue, 20Je crie à Toi, et Tu ne m'écoutes pas ! 21Tu T'es changé pour moi en cruel ennemi, 22Tu me soulèves sur la tempête et m'emportes avec elle, 23Car, je le sais, c'est à la mort que tu me mènes, 24Cependant du sein des décombres ne tend-on pas la main ? 25Oui, je pleurai sur ceux pour qui les temps étaient durs, 26Et pourtant ! j'attendais le bonheur, 27Mes entrailles bouillonnent, et n'ont aucun repos, 28Je marche noirci, mais non par le soleil ; 29devenant ainsi le frère des chacals, 30Ma peau noircit et tombe, 31Ainsi le deuil a remplacé mon luth,